l’Extravagance de Mysore

Quelqu’un (j’oublie qui) a écrit un jour : « Les grandes dynasties du monde sont comme les nuages d’été qui passent ; Ils changent constamment et ne sont plus jamais les mêmes ». 

Ce que j’ai trouvé d’intéressant avec l’histoire de Mysore, c’est que ce fut une dynastie d’une énorme richesse, qui, à travers les siècles, a traversé des temps de transformation, mais a toujours réussit a se maintenir au pouvoir, sauf pour un seul intermède. en effet, au milieu du 18ème siècle, un malin commandant en chef musulman réussit à tromper le roi de Mysore dans une prise de contrôle bizarre et sournoise, qui  dura environ 60 ans. Après la défaite de son fils par les Britanniques, la dynastie reprit le pouvoir avec les consentement du Raj britannique, mais en tant qu’État princier.

Mysore était le siège de la dynastie Wadiyar, qui a gouverné l’État méridional du Karnataka, de la fin des années 1300 jusqu’en 1950. 

Srirangapatna, qui se trouve à seulement 15 km au nord de Mysore, était le siège de la dynastie Rangaraya, qui a gouverné une autre partie importante, mais différente, du sud de l’Inde. La ville est sur une île rocheuse, au confluent de deux grands fleuves, ce qui lui donnait une protection naturelle contre les attaques militaires.

Les deux royaumes, de confession hindoue, vivaient plus ou moins paisiblement côte à côte. Puis, au 14ème siècle, ils sont tous deux devenus des vassaux de l’empire Vijaynagar (à Hampi, 400 km au nord – que je couvrirai dans un article ultérieur). Et ce pendant  les 200 ans d’existence de Vijaynagar (14ème-16ème siècles). 

Jusqu’à ce qu’une coalition de sultanines les écrasa complètement en 1565, entraînant un remaniement majeur des royaumes vassaux survivants.

Malgré les nombreux siècles de cohabitation pacifique, le roi de Mysore décida un jour de saisir le royaume de Srirangapatna pour agrandir le sien. 

Environ 150 ans plus tard, en 1760, un hiatus bizarre, sans effusion de sang, se produisit. Le commandant en chef de l’armée de Mysore, Hyder Ali, un musulman, a habilement détourné le pouvoir du roi Wadiyar, sous couvert d’une mascarade, tout en finesse et en lui rendant due déférence. Il promut Srirangapatna comme la nouvelle capitale, vantant sa position de défense stratégique naturelle contre les ennemis potentiels. À sa mort, son fils Tipû mit fin à la mascarade et se déclara simplement roi. Puis il se mit à étendre agressivement son royaume, en menant des guerres avec de nombreux voisins, parmi lesquels l’armée britannique colonisatrice. Une bien grosse erreur. Les 4 guerres anglo-mysoriennes qui s’ensuivirent entre les Britanniques d’un côté, l’armée du sultan, soutenue par les Français, de l’autre, furent sanglantes. Le quatrième et dernier assaut britannique, en 1799, sonna le glas des sultanines.  Après un long siège du fort de  Srirangapatna de Tipu, les Britanniques l’ont vaincu et tué. Ils ont rasé le fort et la  ville de Srirangapatna, laquelle était devenue l’une des plus grandes villes du monde avec une population de près de 150 000 habitants. Elle s’effondra pour devenir une ville patrimoniale endormie.  Le palais d’été en bois de Tipu a cependant survécu. Quant aux Wadiyars, les Britanniques rétablirent leur domination à Mysore, mais dégradant le royaume en un État princier.

Le palais de Mysore est aujourd’hui le deuxième site le plus visité en Inde (après le Taj Mahal) et figure parmi les bâtiments royaux les plus grandioses de l’Inde. Il donne une idée de la mégalomanie des maharajas d’autrefois. Ils ont construit le palais en bois d’origine en 1897, mais un incendie l’a détruit. Ils l’ont ensuite reconstruit dans un somptueux mélange de styles architecturaux hindous, mongoliens, gothiques et victoriens – un kaléidoscope de vitraux, de sculptures en bois de teck, de portes en argent massif, de marbre incrusté de pierres précieuses, de couleurs criardes, etc. Une extravagance sans pareille. 

Chaque dimanche, ils illuminent le palais en allumant 100 000 ampoules disposées sur toute sa façade et des parties de sa salle de parade extérieure pendant une heure. Tout un spectacle.

Je suis également allé visiter le palais d’été de Tipu à Srirangapatna. Un complexe entièrement en bois avec de magnifiques peintures lambrissées datant du 17ème siècle et très bien conservé, bien qu’il soit entièrement peint uniquement de couleurs d’origine végétale.  Tipu et sa famille ont été enterrés dans un mausolée à environ 2 km de là. Les portes du mausolée sont incrustées de belles décorations complexes et abstraites, en ivoire. Quant au Fort, eh bien, il n’en reste pas grand-chose après que les Britanniques l’aient rasé. 

De retour à Mysore, le marché de Devaraja,  qui remonte au  règne de Tipu Sultan, est un immense bazar couvert. Les commerçants locaux vendent des guirlandes de fleurs traditionnelles, de l’encens, des épices et des tas coniques  de Kumkum (poudre colorée utilisée pour  les points bindi), ainsi qu’une grande section de fruits et légumes.

 Mon guide et mon chauffeur insistèrent un matin de m’emmener dans un cafe local pour gouter leur fameux Masala Dosa. Quand bien meme il me fallut le manger avec la main droite, je dois avouer que j’ai trouvé cette crepe de riz avec des pommes de terres au curry à l’intérieur délicieux. Mon guide fût tellement étonné d’apprendre mon age qu’il insista de m’inviter à déjeuner chez lui, pour me parader devant sa famille ! Et bien que ce fût rebelotte d’un déjeuner avec la main, je dois avouer que je fus touché par le compliment de cet homme et de sa famille, qui me reçurent si gentiment dans leur modeste maison.

Même si elle ne compte que 1,3 million d’habitants, Mysore est une ville animée. Avec une main-d’œuvre bien éduquée, l’influence d’une classe moyenne croissante se fait maintenant sentir dans toute la ville, même si elle ressemble encore beaucoup à une ville médiévale mais avec des nouveaux néons.